LES AVENTURIERS DE L’ARCHE PERDUE de Steven Spielberg (1980)
1936. Indiana Jones, archéologue aventurier est parti à la recherche d'une idole sacrée au fin fond de la jungle péruvienne, où il échappe de justesse à un guet-apens fomenté par son adversaire René Belloq. Il pense être revenu au calme en rejoignant sa chaire d'archéologie à l'université, mais les services secrets et son ami, conservateur du National Museum de Washington, vont lui confier une nouvelle mission : retrouver le Médaillon de Râ. Cette antiquité égyptienne pourrait les mener à l'Arche d'Alliance qui conserva en son temps les tables des Dix Commandements…
On r'fait le film
Avant la réalisation de ce projet, existe une envie de Spielberg de réaliser un James Bond. Mais à l’époque, les producteurs du célèbre agent secret n’entendaient pas travailler avec un américain. Il fallait à tout prix que le produit reste un label anglais ou ex-empire britannique. Les choses ont changé aujourd’hui. En fait l’idée d’Indiana Jones est née d’une frustration. A bien des égards, la série des Indiana pourra être comparée à celle des James Bond, notamment dans cette volonté permanente de lier l’action à la comédie au sein d’une narration qui ne se veut ni réaliste ni logique, dans un but de divertissement avant tout. Avec un rien d’imagination, on pourrait aisément simuler James Bond dans les aventures d’Indiana Jones. Les aventuriers ont beaucoup de choses en commun : ils sont tous deux séducteurs, héroïques ; il possèdent tous deux une face cachée. Que fait Bond lorsqu’il n’est pas agent ? Pour Indiana, on le sait, il est prof d’unif. Enfin, ils possèdent tous deux une panoplie de gadgets qui leur sont propres… un walter PPK, pour l’un, un fouet pour l’autre, etc. Pour mettre en œuvre son projet, Spielberg va s’associer à l’autre plus grand money maker de la planète, Georges Lucas, dans un duo qui va s’avérer explosif !
Pour l’écriture du scénario, les duettistes vont penser à Lawrence Kasdan qui venait de sortir de la réalisation de « La fièvre au corps » et qui avait déjà travaillé pour Georges Lucas à l’écriture de « l’empire contre-attaque ». Kasdan va réaliser un excellent travail, peaufinant les caractéristiques des personnages, mélangeant mythologie et grands espaces, multipliant les rebondissements. Une des belles réussites de l’écriture est d’avoir mélangé l’imagination pure et vérités historiques. Par exemple, les nazis ont vraiment recherché le Saint Graal. Un très beau travail d’écriture comme Kasdan le prouvera souvent par la suite. Les duettistes ont eu le nez très fin en le choisissant.
Par la suite, Spielberg va mettre ce scénario en scène avec brio dans un rythme effréné et avec beaucoup d’imagination sur le travail de l’image. Le montage final très réussi, le choix judicieux d’Harrison Ford, très crédible, dans la peau d’Indiana, la bande originale légendaire de John Williams, vont permettre à ce film de rentrer dans la légende du septième art.
Du divertissement de série B très haut de gamme, qui l’air de ne pas y toucher, se moque des nazis tout comme « La grande vadrouille » d’Oury le faisait à sa façon, dans un ton de comédie. Totalement dans un autre registre que « La liste de Schindler », les deux films ont quand même en commun de tirer sur la même cible. L’air de ne pas y toucher, Spielberg, avec son personnage pourchassé par les nazis, crée l’archétype du héros mondial anti-nazi. Il ne manquerait plus que Indiana Jones soit juif ! Il était juif, Indiana Jones ?